Les bienfaits de la méditation

Bio Contact
Publiée dans Bio Contact de décembre 2016 n°274
par Emile Lozevis, enseignant de yoga et de méditation

Les bienfaits de la méditation

La méditation en deux techniques.

 

La méditation est une pratique mentale qui permet d’atténuer les flots des pensées et provoque un changement psychologique en soi. Vous trouverez deux techniques simples de méditation décrites dans le texte ci-dessous à mettre en œuvre et accessibles à tous, pour des effets durables sur la gestion des émotions.

Dans la vie courante, le mental est toujours en activité, occupé par un vagabondage de pensées. Dans la philosophie hindoue, ce vagabondage mental a toujours été un questionnement et divers moyens ont été mis en œuvre pour comprendre son fonctionnement, en utilisant diverses techniques de yoga et de méditation.
Le commun de l’humanité est toujours prisonnier de ses pensées. En effet, lorsqu’on se réveille la nuit, ou même en cours de journée, le mental est souvent préoccupé par des soucis divers (vécu affectif ou relationnel douloureux dans le milieu de travail ou dans la sphère familiale, mental occupé dans des projections passées ou futures, avancement de carrière, recherches de meilleures situations professionnelles, ruptures de contrat, chômage et diverses insatisfactions) et souvent s’ajoutent des perturbations liées souvent à notre enfance comme les peurs, les angoisses, les culpabilisations, les stress. Tout cela vient encombrer notre sensibilité émotionnelle, avec pour effet des somatisations psychologiques et corporelles.
Il est alors très difficile de trouver les instants de présence et de bonheur que nous recherchons tous de diverses manières. Par le flux des pensées, le mental est conditionné par diverses perturbations : l’on rentre alors dans un processus de dispersion et de manque de disponibilité à toute action.
A l’inverse, imaginons qu’au cours d’un voyage, un paysage fascinant se présente, il se produit un tel émerveillement que, tout de suite, notre vision est absorbée par ce paysage qui nous fascine. De suite, les pensées s’arrêtent et une émotion de paix, de bien-être se dégage pendant une courte durée ; c’est l’image même du processus de la méditation.

Le yoga dans la méditation
Le yoga offre un support important à la méditation. Il est conseillé, pour certaines personnes chargées émotionnellement, de pratiquer des postures de yoga, comme celle de la barque (ventre sur le sol, mains en extension devant soi, jambes décollées) ou celle de l’arc (ventre sur le sol, prendre les orteils ou les chevilles avec les mains, décoller les genoux et la poitrine du sol). Respirer abondamment par les narines, rester un certain temps dans ces postures sans forcer. Cela permet de vider les stress, l’angoisse… résidant dans le plexus solaire.

D'une façon pratique, deux techniques décrites ci-dessous, vont permettre de s'extraire de ses pensées, et profiter des bienfaits de la méditation.

1re technique : l’observation du souffle

Il faut tout d’abord s’installer dans une assise bien confortable, sur un coussin ou sur une chaise. Allongé sur le sol peut aussi convenir, selon la facilité de chacun.
Si l’on porte une simple attention soutenue dans le flux de l’air entrant et sortant des narines, les yeux fermés, il se produit peu à peu une intensification de l’attention, qui devient une concentration naturelle et s’impose d’elle-même avec le temps. Il ne faut pas vouloir à tout prix apaiser les pensées mais plutôt rester attentif dans la technique choisie. Peu à peu la concentration naturelle s’impose d’elle-même et le mental devient paisible. Dans son livre Soigner son âme, le psychiatre et chercheur spirituel Jacques Vigne dit que « la méditation, c’est le désir de libération, de réduire son stress et d’avoir une vie plus calme et plus consciente ».
Lorsque l’on prend assise dans la méditation, des préoccupations diverses inondent dès les premiers instants notre champ de pensées, du fait de notre immobilité. Par exemple, des pensées provenant de différents stress de la journée, des préoccupations pour des choses qu’on aurait dû faire… Progressivement, des sensations se présentent en parallèle avec les pensées qui se dissolvent peu à peu, l’attention est fixée vers une absorption complète du mental, l’inspiration et l’expiration deviennent fluides et plus longs.
Il se produit une descente dans une profondeur indescriptible, procurant une grande force intérieure. Cette force intérieure se maintient après la méditation pendant un certain temps.
Plus on dissout nos pensées, moins elles ont d’emprise sur notre état d’être dans la vie courante. La rumination mentale, au niveau des charges émotionnelles, s’en trouve très fortement diminuée. Par exemple, si vous apprenez la mort d’une personne de votre entourage, il se produit une charge émotionnelle au niveau mental qui se transmet ensuite au plexus solaire. La dissolution progressive des pensées permet une grande disponibilité de notre attention, cela devient comparable à des nuages très dispersés poussés par un petit vent dans le ciel bleu, et l’on retrouve ensuite un espace de vide complet comme le bleu du ciel.

2e technique : la régénération du cerveau

Assis en tailleur confortablement ou sur une chaise selon la convenance de chacun, les jambes peuvent être allongées, le dos bien droit, les yeux fermés.
cerveau méditationCommencer à prendre conscience de la respiration dans les narines puis, petit à petit sentir le passage de l’air au contact des parois du nez. Prendre conscience de cinq points sur le sommet du crâne : le bord avant gauche du crâne, le bord arrière gauche du crâne, le bord arrière droit du crâne, le bord avant droit du crâne et le milieu du crâne (dessin).
Puis visualiser des arcs de cercle au-dessus de la tête qui partent du bord avant gauche du crâne et vont rejoindre chaque bord désigné ci-dessus.
Visualiser ensuite consciemment votre expiration et inspiration vers le bord avant gauche du crâne. Expirer dans l’arc de cercle qui joint le bord arrière gauche. Inspirez dans le bord arrière gauche, puis vers le bord arrière droit, vers le bord avant droit, le milieu du crâne, le bord avant gauche et ainsi de suite.
Continuer autant que possible ces circuits jusqu’à ce que le mental se stabilise et se concentre.
Imaginer ensuite que ces bords sont reliés par des fils de tissage blanc, comme une toile d’araignée, et continuer d'inspirer et expirer de point en points jusqu’à ce que vous sentiez une fluidité entre chaque bord au-dessus du crâne. La visualisation et la respiration permettent d’être attentif le plus possible dans ce travail.
Imaginer aussi, dans les cercles qui relient chaque bord de la tête, des protubérances solaires rougeoyantes jaillissant au-dessus de votre tête. Si vous restez un certain temps sur cette visualisation s’installera alors une sensation de fluidité et de force. A ce moment-là surgira un calme profond, les pensées s’évanouiront de plus en plus. La respiration deviendra plus lente et plus légère, ce qui augmentera l’intensité de conscience dans les différentes zones de la tête. Pourra naître une sensation de force qui pénètre le cerveau. Cela amènera un certain rafraîchissement avec, parfois, des sensations de piqûres ou de fourmillements à la surface du crâne qui entrent en profondeur dans le cerveau, un peu comme sous l’action des aiguilles d’acupuncture. Les sensations peuvent aussi être comparées au poids d’un turban posé sur la tête.
Ces sensations pourront demeurer présentes un certain temps après la pratique. Il est possible qu’elles réapparaissent spontanément dans la vie quotidienne.
Ce travail produit une stimulation du cerveau, vivifie l’énergie cérébrale. Cette énergie vitale renouvelable doit probablement stimuler le champ électrique des neurones dans le cerveau.

Action thérapeutique de la méditation sur la psychologie

Le professeur John Kabat-Zinn  a mentionné dans son livre (1)« au cœur de la tourmente, la pleine conscience » les effets préventifs et thérapeutiques sur diverses maladies (hypertension,, cancer, maladies coronariennes et surtout dépression) dans les cliniques du stress aux États-Unis.
Ce type de méditation procure une grande force face aux événements difficiles, qui ne perturbent alors plus notre part émotionnelle. Selon la tradition hindoue, cela pourrait correspondre aussi à la stimulation du chakra coronal, appelé sahasrara (2). Les émotions (stress, angoisses, peurs, chocs émotionnels…) prennent source dans le plexus solaire, qui est également en lien, dans la tradition hindoue, avec le chakra manipura (3).
La glande située dans le lobe temporal du cerveau, l’amygdale (voir dessin 3), permet de mémoriser le souvenir de l’émotion venant du plexus. Elle joue un rôle clé Elle joue un rôle clé dans la gestion des émotions et surtout de la peur. (4) La méditation agit sur l’amygdale et permet de rester dans une attitude stable et non perturbée. Selon une étude (5) menée par des chercheurs de l’hôpital du Massachussetts à Boston (Etats-Unis), elle modifie de façon durable le fonctionnement du cerveau.
Il est évident qu’il faut travailler ces deux techniques régulièrement, la première permet de canaliser le mental et l'autre d'énergétiser le cerveau selon ma propre expérience pour accroître progressivement les perceptions et les sensations.
 Au début on peut ne rien percevoir, il ne faut pas se décourager, petit à petit la sensation apparaît, de plus en plus forte et, avec l’entraînement, elle devient pratiquement spontanée, s’intensifiant avec la durée de la méditation.
Pour conclure, la méditation présente des atouts considérables pour augmenter nos potentialités psychologiques surtout  l'attention. De nombreux thérapeutes ont observé l'efficacité de la méditation sur la réduction du stress, des émotions et de la dépression et selon Mathieu Ricard, elle développe la compassion.

 

1. Au cœur de la tourmente, la pleine conscience du Docteur ,Jon Kabat-Zinn éditions j'ai lu
2. Sahasrara chakra : situé au-dessus de la tête, il active la sphère coronale.
3. Manipura chakra : situé dans la colonne vertébrale au niveau du ventre, il exerce une action de stimulation du plexus solaire.
4. In Neuroscience, à la découverte du cerveau, Pr André Niellon, p. 594.
5  revue « frontiére in human neuroscience »1er novembre 2012